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“Halima est une secrétaire en université à qui l’administration avait commencé par lui reprocher ses[...]En savoir plus ”
Le sheikh Abdel Ahad Makhdûm est décédé à l’âge de 88 ans dans une prison de la ville de Khotan au Xinjiang, la province chinoise que les musulmans nomment Turkestan oriental ((Les Ouïghours du Xinjiang considèrent qu’ils vivent sous occupation chinoise. En 840, les Ouïghours — alors établis en Asie centrale — sont vaincus par les Kirghizes et s’installent au Turkestan oriental (également appelé Ouïghouristan). Lors des Xe et XIe siècles, des ethnies turques y introduisirent l’Islam et l’installèrent durablement. Le Turkestan reste alors sous gouvernance de divers dirigeants turcs jusqu’à l’apparition des Mongols avec Gengis Khan qui occupa la région en 1220. Au XVIIIe siècle, le Turkestan tombe sous l’Empire Qing. C’est ici, en 1760, que les Chinois vont rebaptiser le Turkestan oriental et lui donner le nom Xinjiang. En 1911, la Dynastie Qing est renversée par les nationalistes chinois qui font du Xinjiang une province sous la République de Chine. Depuis, les Ouïghours n’ont cessé de lutter pour se libérer de la domination étrangère. Entre novembre 1933 et février 1934, ils instaurèrent « la République islamique du Turkestan oriental » et en 1944, ils réussirent à installer « la République indépendante du Turkestan oriental » qui resta indépendante durant cinq ans dans trois villes du nord. En 1949, le Xinjiang est formellement intégré à la Chine après que ses dirigeants périrent dans un mystérieux accident d’avion en se rendant à une réunion avec le président chinois Mao Zedong.)). Le dimanche 27 mai 2018, les membres de sa famille, eux-mêmes incarcérés depuis sept mois, furent informés par les autorités chinoises que leur proche était déjà décédé… depuis novembre 2017.
Né dans la ville de Kunyu en 1930, Abdel Ahad Makhdûm grandit dans une famille religieuse. Son oncle fut le sheikh Mohammed Amin Bagha, le leader du Mouvement Turkestanais et auteur de l’ouvrage « L’histoire du Turkestan oriental » qui décéda en exil à Ankara en 1965.
L’histoire du sheikh Abdul Ahad est marquée par maintes tragédies et nombreuses épreuves. Il mena une vie entièrement consacrée à l’enseignement de la religion islamique. Abdul Ahad fut l’un des premiers prédicateurs en Chine à inviter les gens à l’Islam par le biais d’un enseignement fondé sur les sciences islamiques.
En tenant compte de la persécution sanglante et systématique des musulmans dans la région, il s’agit d’un vrai exploit. Il faut savoir que la population musulmane du Xinjiang est estimée à 23 millions. Or, la province ne compte aujourd’hui qu’un seul institut de formation pour imams situé dans la capitale Ürümqi. En outre, l’institut compte moins de 40 étudiants, c’est-à-dire qu’en moyenne, il y a un imam pour 500 000 fidèles. Tout est ainsi mis en œuvre pour déraciner les musulmans et effacer leur héritage culturel et religieux. Les personnes de moins de vingt ans sont interdites d’entrée à la mosquée, et toute pratique religieuse est considérée comme un signe de radicalisation.
C’est pourquoi les musulmans ouïghours sont obligés d’enseigner leur religion et transmettre leur culture dans la plus grande discrétion. Il s’agit d’un engagement à haut risque qui peut avoir de lourdes conséquences. Tout musulman qui se montre un peu trop religieux finit dans un des « camps de rééducation de masse ». C’est là-bas que plus d’un million de musulmans subissent aujourd’hui un endoctrinement et des tortures qui visent à les contraindre d’apostasier et à renier leur culture.
Dans le cas du sheikh Abdel Ahad, les autorités chinoises n’ont rien pu faire. Ni l’emprisonnement, ni la persécution, ni les tortures qu’il a subies aux mains des bourreaux communistes n’ont pu éteindre sa ferveur et sa volonté d’enseigner l’Islam à une des populations les plus persécutées au monde.
Abdul Ahad fit ses études durant les années 1950 dans les anciennes écoles prestigieuses de Kashgar. Après une décennie d’études, il retourne chez lui dans la ville de Khotan où il commence à enseigner et instruire les gens. Six mois après son retour, il est arrêté par les autorités chinoises qui le condamnent à 15 ans de prison ferme et de travaux forcés. Ces derniers lui sont spécifiquement infligés pour son statut d’enseignant de sciences islamiques.
Après avoir purgé sa peine, Abdul Ahad sort de prison en 1974 et se relance dans l’enseignement des sciences religieuses, sauf que cette fois-ci il professe dans des caves. Le sheikh avait plus d’une centaine d’étudiants à qu’il enseigna en secret et qui, à leur tour, propageaient la science islamique dans d’autres écoles clandestines.
En 1979, Abdel Ahad — qui fut alors un des sheikhs les plus renommés du Xinjiang — se fait surprendre par les autorités chinoises et est à nouveau arrêté et emprisonné. Lors d’une razzia massive, l’armée chinoise avait alors, en une seule nuit, arrêté plusieurs milliers d’étudiants, de prédicateurs et de sheikhs musulmans à travers la région du Turkestan oriental. Un an plus tard, le sheikh retrouve à nouveau la liberté.
« Et quant à ceux qui luttent pour Notre cause, Nous les guiderons certes sur Nos sentiers, Allah est en vérité avec les bienfaisants. » (Al-Ankabout-69)
En l’an 2001, Abdel Ahad est arrêté pour la troisième fois avec son fils Abdul Raouf, lui aussi prédicateur dans la région du Xinjiang. Ils sont libérés deux mois plus tard. Or cette fois-ci, le sheikh est non seulement interdit de dispenser des cours et de professer le métier d’imam dans les mosquées, mais il ne peut même plus donner des conseils aux gens, ni même prendre la parole lors de rencontres ou d’assises privées.
Le sheikh Abdel Ahad resta néanmoins très aimé par la population locale et se montra déterminé à poursuivre sa mission. Le 2 janvier 2004, les autorités chinoises font un raid dans sa ville natale et arrêtent le sheikh — alors âgé de 74 ans — pour la quatrième fois. Au moment de son arrestation, Abdel Ahad était en train d’enseigner à sept de ses élèves dans une des écoles secrètes de la ville. Cette fois-ci, il est condamné à une peine de cinq ans ferme. Après sa libération, il est condamné à onze ans de résidence surveillée.
Le 1er novembre 2017, Abdul Ahad est arrêté dans sa maison pour la cinquième fois. Cette fois-ci, tous les membres de sa famille sont arrêtés avec lui et emprisonnés. Au moment de son arrestation, la santé du sheikh s’était beaucoup détériorée et personne ne savait dans quelle prison il se trouva.
Abdul Ahad décède la même année, mais les autorités chinoises n’informent de sa mort les membres de sa famille toujours emprisonnés à l’heure actuelle, que le 27 mai 2018… soit il y a quelques jours seulement.
« Les vrais croyants sont ceux qui croient en Allah et en Son messager, qui par la suite ne doutent point et qui luttent avec leurs biens et leurs personnes dans le chemin d’Allah. Ceux-là sont les véridiques. » (al-Hujurât-15)
En 2002, les autorités chinoises lancèrent une « campagne contre les publications interdites ». Les soldats de l’armée d’occupation — c’est en ces termes que les Ouïghours les décrivent — avaient alors brûlé plus de quarante mille exemplaires d’ouvrages islamiques, de Tafsir et de manuscrits du patrimoine ouïghour.
Cependant, ceci n’avait nullement effrayé Abdel Ahad. En effet, en dehors de l’enseignement clandestin assuré par le sheikh, il écrit et traduit un grand nombre d’ouvrages qui sont publiés en catimini et sous un pseudonyme pour éviter les représailles des autorités chinoises.
Sheikh Abdel Ahad avait parfaitement saisi l’importance de l’enseignement de l’Islam pour la survie de son peuple. Il refusa de céder à l’intimidation ou à la politique d’acculturation du régime chinois. Il se mit entièrement au service de la science et de la culture islamiques et persévéra sans relâche jusqu’à se faire emprisonner avec toute sa famille à l’âge de 88 ans. Il avait compris que « certes, Allah a acheté des croyants, leurs personnes et leurs biens en échange du Paradis. » (al-Tawba 111)
Le fait qu’Abdel Ahad ait sacrifié sa vie entière pour son Créateur a fait qu’il soit aujourd’hui une des causes que l’Islam se répande toujours dans le Xinjiang, une région qui fait environ la superficie de l’Inde.
Nous savons qu’en Occident, des imams qui ne risquent ni prison ni torture peuvent déjà succomber aux pressions islamophobes après un simple interrogatoire policier. Ils cessent alors d’enseigner aux gens de leur communauté ou continuent, mais en abandonnant leurs principes religieux. Abdel Ahad est aujourd’hui un exemple pour les musulmans d’Occident, car il a démontré que la persévérance, le courage et la détermination porteront toujours leurs fruits, peu importe la répression et l’oppression de ceux qui veulent nous faire taire.
L’histoire des musulmans du Xinjiang nous enseigne que sans enseignement, notre culture, notre croyance et notre identité s’effaceront. Abdel Ahad nous a appris que sans éducation islamique, c’est nous qui disparaîtrons…
Qu’Allah lui fasse miséricorde ((Source : http://turkistantimes.com/ar/news-2933.html )).
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