Dans son manifeste contre le « séparatisme islamiste », Gérald Darmanin déclare En savoir plus
WARNING: unbalanced footnote start tag short code found.
If this warning is irrelevant, please disable the syntax validation feature in the dashboard under General settings > Footnote start and end short codes > Check for balanced shortcodes.
Unbalanced start tag short code found before:
“Halima est une secrétaire en université à En savoir plus En savoir plus”
[Suite de la 1e partie «Les angles morts de l’islamophobie française»]
Des siècles d’oppression (croisades, colonisation, impérialisme…) ont produit différents types de racisme (ethnique, raciale, culturelle…) et ont suscité des échos qui se font aujourd’hui inévitablement entendre en Occident.
Selon Michael Welp, le privilège blanc est une des répercussions de ce passé. Le privilège blanc représente, en quelque sorte, le revers de l’oppression historique. Le musulman visible, l’homme noir ou l’Arabe qui vit en Europe est quotidiennement confronté aux conséquences de ce passé (emploi, logement, éducation). Souvent il doit se battre dix fois plus que les autres pour obtenir un diplôme. Une fois le diplôme en poche, il aura dix fois moins de chance à l’embauche. L’homme blanc, à contrario, bénéficie d’énormes privilèges qu’il est incapable de discerner.
Pour Welp, ce privilège constitue le second angle mort du racisme latent chez l’homme blanc :
« En tant que Blanc, il est simple d’obtenir une bonne éducation, de trouver un emploi, etc. Pour les gens issus de minorités, c’est l’inverse… Pour nous les Blancs, il est difficile d’accepter le terme de privilège, car nous ne nous sentons pas privilégiés. Nous pensons que nous avons toujours travaillé incroyablement dur pour obtenir tout ce que nous avons. En effet, nous avons travaillé dur, mais nous n’avons pas dû lutter, marchander ou réfléchir à une porte de sortie là où d’autres groupes ont dû le faire. »((Michael Welp, « White Men: Time to Discover Your Cultural Blind Spots »))
- Michael Welp -
L’homme blanc ne ressent pas son privilège dans la société du fait qu’il n’arrive pas à concevoir que d’autres peuples ou les minorités locales vivent une réalité entièrement différente de la sienne. Sa vision du monde n’est pas forcement fausse, mais plutôt incomplète :
« Nous ne nous rendons pas compte que d’autres personnes ont une expérience et une perception du monde qui est différente de la nôtre. La plupart des nôtres, nous allons de manière naturelle nous rejoindre et converger vers les similitudes et les éléments que nous avons en commun (avec les minorités). En fait, les recherches interculturelles démontrent que lorsque vous abordez le sujet de la diversité, la plupart d’entre nous nieront ou minimiseront les différences existantes. Si, lors de mes échanges avec les gens issus des minorités, je me rattache uniquement aux similitudes et aux points communs, je n’arriverai jamais à voir une autre partie de leur réalité. Ce n’est pas que ma vision du monde soit erronée, elle est plutôt incomplète. » ((Ibid))
- Michael Welp -
LA DOUBLE CONSCIENCE DU MUSULMAN DE FRANCE
Le privilège blanc est entretenu par un système où le racisme et l’islamophobie ont été institutionnalisés. Que ce soit en France ou aux États-Unis, le système en place crée des gagnants et des perdants. Peu importe ce que vous faites, les opportunités qui se présentent restent en grande partie basées sur des privilèges.
Tout comme les Afro-Américains, les musulmans de France partagent ce que l’historien afro-américain William Du Bois (1868-1963) décrivait comme une « double conscience » ((Dans son ouvrage « Black Skin, White Masks », Frantz Fanon traite aussi du sujet de la double conscience et explique que les confusions culturelles et sociales des Afro-Américains étaient causées par la culture européenne.)). Il s’agit d’un défi psychologique où la personne tente de réconcilier sa double culture : l’héritage islamique (ou africain, asiatique…) avec une éducation et un vécu occidental. Les minorités en Occident possèdent donc une conception du soi à multiples facettes qui entraîne des comportements très différents.
Le musulman peu cultivé réagira à cette « double conscience » en se regardant à travers les yeux de ceux qui le détestent. Il se pliera à leurs préjugés avec lesquels ils exigent de lui qu’il réprime son identité. Souvent, cette attitude est accompagnée d’un complexe d’infériorité et d’une crise d’identité.
Chaque matin, de nombreux musulmans en Europe se posent la même question : comment puis-je me présenter à ce monde sans être conçu comme une menace tout en restant qui je suis ? S’il maintient une grande partie de son islamité, il verra les opportunités se dissiper devant lui. Il n’obtiendra pas (ou presque pas) de contrat d’embauche et risque, s’il en a un, d’être licencié pour « radicalisation islamiste »((La présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse a récemment proposé d’« édicter des incompatibilités professionnelles » en cas de « comportements contraires aux valeurs de la République ».)).
Pour bénéficier des privilèges habituellement réservés aux Français de souche, le musulman (ou la musulmane) doit entièrement s’assimiler en rejetant son identité culturelle et religieuse. Inconsciemment, il se rend alors complice d’un racisme intériorisé((Le racisme intériorisé est le produit direct du système de classification raciale et est défini comme « l’intériorisation de l’oppression raciale par les personnes racialement subordonnées » (Karen D. Pyke) ou « l’acceptation consciente et inconsciente d’une hiérarchie raciale dans laquelle les Blancs sont systématiquement classés au-dessus des personnes de couleur. » (Robin Nicole Johnson).)). Il se comporte de manière à entretenir la vision dominante de l’infériorité culturelle et religieuse des musulmans. Il est séduit par les stéréotypes islamophobes, s’adapte aux normes culturelles laïques et intègre des critères républicains pour déterminer ce qui est bon, souhaitable ou nécessaire. Ce handicap ne peut être surmonté que si le musulman détermine et construit lui-même son identité indépendamment de l’influence médiatique, sociétale et éducationnelle.
Le racisme et l’islamophobie intériorisés sont des expressions d’une colonisation mentale et possèdent leur propre système de récompenses et de sanctions. Les musulmans sont spontanément récompensés lorsqu’ils se soumettent à l’islamophobie qu’ils ont intériorisée. Ils sont récompensés lorsqu’ils s’assimilent et adoptent le mode de vie des non-musulmans. Dans le cas contraire, ils sont sanctionnés par le système en place.
ÉDUQUER L’HOMME BLANC
Confronté à son privilège, l’homme blanc sort de sa zone de confort. Il s’agit néanmoins du premier pas qu’il doit franchir pour concrétiser un vivre ensemble fondé sur le respect de l’autre. Il faut savoir que chez les minorités, le privilège blanc est vu d’un mauvais œil, bien que l’homme blanc n’y est souvent pour rien :
« Pour les Blancs, les privilèges ne s’arrêtent pas. Le privilège est quelque chose que nous ne devons pas assumer, car nous ne le sentons pas. Ce n’est pas quelque chose que j’ai choisi. Cependant, les autres supposent que nous, hommes blancs, sommes conscients de nos privilèges et que nous les voyons. Ils supposent que cela nous laisse froid ou que nous voulons simplement conserver ce privilège. Ils attribuent donc une intention négative à ces privilèges. » ((Michael Welp, « White Men: Time to Discover Your Cultural Blind Spots »))
- Michael Welp -
Michael Welp estime que l’homme blanc a le devoir de s’éduquer en comprenant que les minorités sont privées de ses privilèges. Voilà pourquoi il doit en premier lieu prendre conscience que l’« autre » à une réalité totalement différente de la sienne :
« Lorsque nous commençons à voir notre privilège et que nous l’assumons, cela libère les autres du fardeau de devoir nous éduquer et nous prouver que leurs réalités sont réellement différentes. »((Ibid))
- Michael Welp -
Beaucoup de musulmans pensent qu’il suffit de dénoncer l’islamophobie et d’exiger une égalité des chances et des droits égaux. Ils pensent que leurs problèmes seront ainsi résolus. Or ce n’est pas le cas. Ceux qui souffrent d’un racisme latent doivent être éduqués, ceux dont le racisme est explicite, déradicalisés.
Selon Welp, étudier la culture des minorités pour comprendre leurs réalités n’est pas seulement un moyen pour combattre les discriminations envers les minorités, c’est avant tout une expérience qui changera la vie de l’homme blanc. Le dialogue avec l’autre est enrichissant, lui ouvre l’esprit et crée de nouveaux horizons dans sa compréhension du monde :
« Les hommes blancs doivent accepter le fait que naviguer dans la diversité est un parcours d’apprentissage qui durera toute une vie. » ((Ibid))
- Michael Welp -
Si l’homme blanc découvre sa boite culturelle, il peut utiliser les points forts de sa culture pour résoudre des problèmes qu’il ne pouvait cerner auparavant. Il sera capable de réfléchir en dehors des limites restreintes de sa culture pour résoudre des conflits avec les minorités.
Cette nouvelle prise de conscience quant à sa culture lui permet de voir à quel moment il est en train d’imposer sa propre culture aux autres. Il cherchera d’autres solutions pour équilibrer la société comme le font depuis plusieurs décennies de nombreux chercheurs américains.
Plutôt que d’imposer un moule culturel ou un « melting pot » dans lequel tout le monde doit se fondre, l’activiste antiraciste Jane Elliot évoque le concept d’un saladier :
« Nous n’avons pas besoin d’un melting-pot dans ce pays. Nous avons besoin d’un saladier. Dans un saladier, vous rajoutez les différents ingrédients sans les transformer. Ainsi, les légumes — la laitue, les concombres, les oignons, les poivrons verts — préservent tous leur identité. C’est ainsi que vous apprécieriez mieux les différences. »
- Jane Elliot -
Il est temps que la France passe d’une mission civilisatrice à une mission éducative où les Français plutôt que de vouloir inculquer leur vision du monde apprennent à connaitre le monde…
DERNIERS ARTICLES
Evelyn Baring & les 7 etapes de la réforme coloniale
Le projet de la sécularisation du monde musulman avait été détaillé par En savoir plus
Quand Macron tente de censurer les journaux américains qui dénoncent sa politique antimusulmane
Voici un résumé de la guerre hallucinante qui sévit entre Emmanuel Macron En savoir plus
« Nègres » et « islamistes », les convergences d’une lutte culturelle
Huit minutes et 46 secondes, c’était précisément le temps durant lequel un En savoir plus
Les dessous du principe de neutralité (2e partie)
Dans l’article précédent, il a été clarifié comment la laïcité française, sous En savoir plus
Les dessous du principe de neutralité
La récente affaire de Halima ((Halima est une secrétaire en université à En savoir plus
2 Réponses A "Le privilège blanc, deuxième angle mort de l’islamophobie française"
Nicolas 24 novembre 2019 (19 h 56 min)
Dans toutes les sociétés, les immigrés « paient » leur différence, et cela d’autant plus quand existent des tensions économiques, internationales, etc. Ces problèmes ont encore plus d’importance quand la différence culturelle avec le pays d’accueil augmente (religion, coutumes). Dans les pays du Maghreb, ce sont les africains noirs qui sont victimes, autant que le sont les personnes d’origine maghrébine en Europe. Il ne s’agit majoritairement pas de racisme, mais de xénophobie, même si le racisme existe.
View CommentEn ce sens, le monde occidental n’a pas à rougir face au monde musulman. Quant à l’allusion aux Croisades au proche-orient, elles occultent systématiquement le fait que ce proche-orient était chrétien avant les invasions musulmanes, tout comme l’était tout le nord de l’Afrique. De plus, le territoire contrôlé par les Croisés et la durée de ce contrôle sont ridicules par rapport aux territoires contrôlés par les musulmans en Europe : quasiment toute l’Espagne et toute Europe du sud-est, sur des durées excédant largement le temps de présence des Croisés en Palestine et autour.
Kareem El Hidjaazi 24 novembre 2019 (22 h 11 min)
Les Français évoquent souvent leurs acquis : les Lumières, la Révolution française et industrielle. Mais en dehors de l’Europe, ces acquis ne se remarquent pas. Dans le monde musulman, les Occidentaux propagent tout sauf des Lumières. Bien au contraire, ils y soutiennent de nombreux régimes corrompus qui, en sous-traitance, combattent l’identité musulmane. L’Europe a un côté obscur qui n’est que rarement éclairci et l’aspect le plus révélateur de ce côté obscur est celui de l’islamophobie et de la xénophobie latente. Certes, beaucoup d’Arabes discriminent les Noirs, les Chinois méprisent les Européens, les Indiens pensent parfois posséder une culture supérieure. Mais aucun d’eux n’a, au nom de sa race ou de ses valeurs culturelles, jamais construit des idéologies racistes pour ensuite perpétrer des génocides ou mener des guerres coloniales et mondiales comme l’ont fait les Occidentaux.
La première « expansion » occidentale fit plus de 15 millions de victimes en Amérique Centrale et en Amérique du Sud dans un laps de quelques décennies. Or, c’est le continent africain qui subit la violence la plus redoutable. Quatre siècles de commerce esclavagiste (avec les Hollandais en tête) ont fait 60 millions de déportées et 20 millions de morts selon les chiffres de l’UNESCO. Puis suivirent les guerres coloniales en Indochine : plus d’un million de morts causés par les Français, puis encore 2 millions par les Américains. Puis, à nouveau l’Afrique; l’Algérie : 1,2 million de morts, la partie sud de l’Afrique : 2 millions de morts en Angola seulement, sans compter le soutien massif au massacre du peuple palestinien par l’état juif. Voilà pourquoi les musulmans considèrent aujourd’hui la culture occidentale comme barbare. Pour eux, les principes de ‘liberté, égalité et fraternité’ sont conçus comme ‘violence, sang et répression’.
Dans son histoire, l’Occident a été foncièrement xénophobe contre tout ce qui n’était pas occidental, et rien n’a changé. Sur ce point, les Occidentaux se trouvent toujours dans les ténèbres du Moyen âge. L’Occident est très inventif lorsqu’il s’agit de forger de nouveaux termes pour nommer leurs nouvelles agressions : ce fut d’abord la chrétienté qui lutta pour le ‘Tombeau sacré’, puis — sur les autres continents — ils se mirent à combattre pour la « civilisation », ensuite pour leur « race ». Lorsque l’expression de « races » devint souillée à cause des crimes du nazisme et du fascisme, les Européens ont commencé à parler de « culture » et de « valeurs ». En pratique, il s’agissait et il s’agit toujours d’agression, de violence impitoyable et d’un désir insatiable de richesses et de possessions. Il n’y a donc pas de clash des civilisations, mais plutôt une seule civilisation qui ‘clash’ toutes les autres : l’Europe.
View Comment